Un rayon poudroyant filtre par les volets entrebâillés et pose une flaque de lumière éblouissante sur le drap froissé qui ne recouvre qu’à moitié les deux corps immobiles. Abandonné, comme flottant dans la pénombre mauve, seul l’un des deux visages est visible. Les yeux clos il parait dormir. Contre sa joue gauche monte le désordre obscur d’une chevelure. Silencieuse un moment, la mouche, qui s’est mise à bourdonner, trace dans la pièce des arabesques visibles par intermittence à chacun de ses passages dans la trace lumineuse, puis se tait à nouveau, posée maintenant sur l’écume figée des draps. Les deux corps n’ont pas bougé. Rien ne trouble la paix de la pénombre plus profonde encore du feu bleu de l’embrasure.
Jacques Ancet, Extrait de Image et récit de l’arbre et des saisons, Ed. André Dimanche, 2002.
Peinture de Claude Théberge (1934-2008)