Déjà la nuit en son parc amassait
Un grand troupeau d’étoiles vagabondes,
Et, pour entrer aux cavernes profondes,
Fuyant le jour, ses noirs chevaux chassait.
Déjà le ciel aux Indes rougissait,
Et l’aube encor de ses tresses tant blondes
Faisant grêler mille perlettes rondes,
De ses trésors les prés enrichissait.
Quand d’occident, comme une étoile vive,
Je vis sortir dessus ta verte rive
Ô fleuve mien ! une nymphe en riant.
Alors voyant cette nouvelle Aurore,
Le jour honteux d’un double teint colore,
Et l’Angevin, et l’Indique orient.
Joachim du Bellay, in L’Olive, augmentée depuis la première édition, Paris, 1550