Le baron

LE BARON

Sixième semaine de neige.

Il pousse le portail en fonte qui arbore un crâne pour blason,
son mantel ne laisse entrevoir que des vapeurs d’expiration.

Sous le torve regard des freux de mauvaise augure,
il longe les frênes de l’allée du funeste manoir
vers les entrailles d’un parc où lumière ne pénètre.

Le baron est de retour !

Les sillons calcinés de ses faits d’arme
ont balafré les hostiles contrées du royaume ;
il revient de l’horreur
pour embrasser sa belle.

La demeure, enténébrée au marc d’une doline,
brandit ses arrêtes austères.
Pétrifiés aux sombres arcs-boutants,
des cerbères hurlent en silence.

La lourde porte en chêne
entaillée d’hémorragies ferreuses
s’agrippe aux parois
par de vieux gonds grinçants.

Nulle chair n’y vit…
ne reste qu’une stèle fêlée,
écharde de l’abîme,
ravivant les escarbilles du souvenir.

Spectre épuisé, les mains glacées,
le baron s’endort aux effluves du trépas.

Sixième semaine de neige.

Guillaume Riou
Poème écrit en avril 2008

Manoir du baron

Clefs : bâtisse | tragédie gothique | absence | amour perdu
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