Alexandre Agnellet fait partie des poètes satiriques dont j’ai pu apprécier la lecture.
Je ne sais rien de cet auteur, mais j’ai pu observer le contexte de son époque, au prisme de ses vers, dans le recueil « A tort et à travers » publié en 1892.
Il n’est pas tendre avec ses cibles, souvent les politiciens de l’époque, comme le célèbre général Boulanger (dans le poème « Vive Boulange », page 65-66).
Ce poème « Le vieux réac » vise sûrement une figure précise du monde politique de cette fin de XIXe siècle, mais laquelle ? En tous cas, la satire n’est pas démodée et pourrait convenir à bien des agitateurs actuels…
LE VIEUX RÉAC
Son crâne peu meublé balance trois cheveux,
Souvenirs des combats, terminés en défaites ;
L’œil est terne, et le corps qui se replie en deux,
Pour être ainsi courbé, subit bien des tempêtes,
Triste et pâle flambeau qui jamais n’a brillé,
Pour mordre n’ayant pas la mâchoire assez forte,
C’est à peine s’il peut, ce cerveau dépouillé,
Aboyer faiblement la plainte qu’il apporte.
Ses lamentations demeurent sans écho,
Déjà le bruit est fait, qu’il a fui comme une ombre,
Et l’illustre agité, grattant son gros bobo,
Ne le peut plus calmer ; et de plus en plus sombre,
Gesticulant, suant, sans le nerf pour ruer,
Arrive alors au point qu’épuisé de colère,
Sa bouche, enfin, se tait et ne peut remuer,
Vaincue et n’ayant pu gronder comme un tonnerre.
Alexandre Agnellet, in A tort et à travers – poésies, Imp. J. Dépollier & Cie, Annecy, 1892.
Jean-Marie Le Pen – Ancien président du Front National
Source de la photo : http://www.lepoint.fr/politique/le-pen-souhaite-que-gollnisch-fasse-un-bon-score-04-01-2011-126459_20.php