En clin d’œil à Jean-Louis Presse avec qui nous parlions récemment des différentes formes de résistance en temps de guerre, ce poème que j’avais écrit il y a quelques années :
LA RÉSISTANCE DES CHAIRS À CANON
Retranchés dans leurs caveaux de terre
les poilus attendent,
s’ennuient,
espèrent…
Résistant à l’horreur,
ils détournent les engins de mort
en œuvres d’art :
Vénus d’obus,
gravures sur douille,
flûte au fusil.*
Enfermés dans les viscères
du sol qui absorbera leur sang,
ils graffent les creutes
et sculptent à fleur de roche
les lumières de leur existence en sursis.
Guillaume Riou. Poème publié dans la revue Point à la ligne n°12, Annecy, 2019.
* En complément, voyez cet article intitulé La musique au fusil.
Douille gravée
(Première Guerre mondiale)
© Paris – Musée de l’Armée, Dist. RMN-Grand Palais / Émile Cambier
C’est très joli, poignant.
Jean Louis pense que sur la guerre de 1914, le tragique mais aussi la nature et la poésie, se retrouvent bien dans l’œuvre de Maurice Genevoix.
Claire et Jean-Louis PRESSE
Merci à tous les 2 pour le commentaire.
Je connais peu l’œuvre de Maurice Genevoix. Je crois n’avoir lu, puis vu en film, que Raboliot. Je vais combler cette lacune sans tarder : on a une dizaine de ses livres à la bibliothèque.
Guillaume
Poème du temps décompté, clepsydre programmée, clepsydre « en sursis » comme vous le dites si justement. Poème particulièrement émouvant. Merci.
Très fort ce poème. Tu imagines les affres de la guerre avec justesse