Parmi les œuvres noires, cérébrales et torturées d’Antonin Artaud, j’extrais aujourd’hui ce poème-exception :
L’AMOUR SANS TRÊVE
Ce triangle d’eau qui a soif
cette route sans écriture
Madame, et le signe de vos mâtures
sur cette mer où je me noie
Les messages de vos cheveux
le coup de fusil de vos lèvres
cet orage qui m’enlève
dans le sillage de vos yeux.
Cette ombre enfin, sur le rivage
où la vie fait trêve, et le vent,
et l’horrible piétinement
de la foule sur mon passage.
Quand je lève les yeux vers vous
on dirait que le monde tremble,
et les feux de l’amour ressemblent
aux caresses de votre époux.
Antonin Artaud, textes de sa période surréaliste, in L’ombilic des Limbes et autres textes, Ed. Gallimard, 1999.
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