L’AIR EST LES YEUX
à Jean-Pierre S.
on pose quatre mots
un piège
le monde tourne le dos
silence
silence et rumeur
la nuit en plein jour
les yeux partis loin
la tête à l’envers
et plus bas que tout
le ciel sous les pieds
tout à coup
trop de voix dans la main
la main aérée
et moi l’embrumé
me voilà hors je
alors couché là
le banc de soi-même
et là-haut debout
et soi de soi
l’ombre
puis tout projeté
pour combler l’espace
tout vers l’un tout vers l’autre
et l’empreinte d’air
tombant sur la page
Bernard Noël, in L’air est les yeux, Ed. Unes & B. Noël, 1983. Poèmes écrits le 17 novembre 1982 « en écoutant rouler la machine à traces de Trans en Provence ».
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je pense à ce que tu nous as montré hier, à ce qu’est la poésie aussi, comment elle nous rejoint…
un bien beau poème de Bernard Noël qui a tout compris :-))