LÂCHER PRISE
À Odile Piard et Claire Bethmont,
Les rouleaux nuageux compressent l’horizon.
La pluie perfore le sable frais.
Je m’autorise à me recueillir ici, maintenant, seul et sans écrans.
Attentif à mon corps, ses messages,
je laisse patiemment descendre la marée de mes pensées.
Profondément inspiré,
le gwalarn* décadenasse mes coffres pulmonaires
et dételle mon ventre des émotions retenues.
Amplement expirées,
les scories empoisonnées du quotidien
sont jetées en pâture aux babines grises de l’océan.
Mon regard court le long de la grève,
grimpe la falaise,
s’envole vers le large.
Guillaume Riou, in Les Citadelles, revue de poésie, n°23, Paris, 2018-2019.
*le vent de noroît, en breton