ODE AU VIN
Ah ! si la Seine était de ce bon vin de Beaune,
Et que mon gosier fût large de cinq cents aunes,
Je m’en irais dessous un pont,
Là, je m’étendrais tout du long ;
Et je ferais descendre
La Seine dans mon ventre.
Et si le roi Henry voulait me le défendre,
Je lui dirais : « Beau roi Henry
Gardez Paris,
Paris avec Vincennes,
Mais laissez-moi ma Seine ! »
Émile Goudeau (1849-1906). Poème cité dans ses mémoires Dix ans de bohème, La Librairie illustrée, Paris, 1888
L’auteur présente ce texte comme étant une chanson à boire régulièrement entonnée au cercle des Hydropathes. Qu’il en soit l’auteur ou le passeur, on la doit de toutes façons à Émile Goudeau.
La version la plus courante diffère un peu, elle est modernisée. Elle apparaît dans la plupart des anthologies poétiques sur le vin, comme « Poètes du vin, poètes divins » par Kilien Stengel, 2012.
La plus ancienne publication où je l’ai retrouvée est la revue « Le Sommelier » n°123 du 15 décembre 1933.
Les sources indiquent généralement ses recueils « Poèmes parisiens » (1897) ou « Poèmes ironiques » (1884). Mais je n’ai retrouvé ce poème dans aucun de deux… un mystère.
Si vous avez connaissance de l’édition qui publie cette version, je suis preneur.
ODE AU VIN
Ah ! Si la Seine était de ce bon vin de Beaune
Et que mon ventre fût large de plusieurs aunes,
Je m’en irais dessous un pont,
M’y coucherais tout de mon long.
Et je ferais descendre
La Seine dans mon ventre.
Et si le roi Henry voulait me la reprendre,
Implorant ma pitié, plutôt que de la rendre,
Je lui dirais : « Bon roi Henry
Gardez, gardez votre Paris,
Paris avec Vincennes…
Mais laissez-moi la Seine ! »