L’AUTHENTIQUE
à Corinne Rigaudeau,
Écoute l’invisible,
aux arcanes de ton corps
cette voix discrète
qui dit vrai.
Elle s’affaire
dans ton obscurité,
langage de ta pensée,
avocat de ta conscience.
Elle est ton eau
– ruisselante intimité –
qui érode lentement
tes cavités karstiques.
Elle fragilise ta bauta,
laissant paraître
aux détours du contenu
des bulles de spontanéité.
Elle, parfois brutale,
crie tes indicibles,
fait entendre l’inaudible,
bat tes tapis de bienséance.
Elle peut briser les murs
de tes indécisions,
force inébranlable
quand tu le lui permets.
Écoute l’authentique :
Éclat, quand tu feins l’indifférence.
Indignation, quand tu tolères l’inacceptable.
Courage, quand tu fléchis sous la peur.
Vérité, quand tu te couvres de mensonges.
Guillaume Riou
La méditation ou la voix intérieure – Auguste Rodin – Plâtre – 1896
« Construite autour d’une ligne serpentine, en un contraposto inachevé, La Méditation trouve son origine dans une figure du tympan de La Porte de l’Enfer, inspirée de Michel-Ange. Elle fut ensuite reprise dans le Monument à Victor Hugo, puis agrandie, sous le titre de Voix intérieure. Elle représentait alors l’une des muses inspiratrices du poète.
C’est pour l’insérer dans le monument que Rodin la priva de ses bras et amputa une partie de ses jambes. Isolée de ce contexte, elle fut reprise ainsi et exposée à Dresde et à Stockholm en 1897, mais fut mal comprise du public, en raison de son aspect incomplet.
Il s’agit cependant d’une œuvre chère à Rodin, pour laquelle Rilke donna l’interprétation suivante : « Nous sommes surpris de voir que les bras manquent. Rodin les éprouva dans ce cas […] comme quelque chose qui ne s’accordait pas avec le corps qui voulait s’envelopper en soi-même […] Il en est de même des statues sans bras de Rodin ; il ne leur manque rien de nécessaire. On est devant elles comme devant un tout, achevé et qui n’admet aucun complément » (Rilke, 1928). »
Source : http://www.musee-rodin.fr/fr/collections/sculptures/la-meditation-ou-la-voix-interieure