La légende du Kerdeck
C’est fête patronale au Kerdeck, en Bretagne,
Ivon roi des binious, Ivon jeune et charmant,
Mène le bal, et gai comme un appel d’amant
Le biniou fait vibrer la grève et la montagne.
Seul, Ivon chante encor, vers le soleil mourant :
Plus doux est son refrain, plus noire est la campagne !
L’homme tremble d’amour, quand du flot qui le gagne,
Une femme s’élance et des bras l’entourant :
« Viens, dit-elle, suis moi dans la plaine écumante ;
Je t’aime je serai ton éternelle amante !
Je t’aime et veux t’offrir mes trésors les plus beaux ! »
Par les soirs amoureux, sous la vague berceuse,
Le grand biniou redit sa chanson glorieuse.
On dansait sur la terre, on danse au fond des eaux !
Jean-Louis Dubut de Laforest (1853-1902). Poème de 1890, accompagnant le tableau de Fernand Le Quesne, reproduit sur un cartouche du cadre visible au Musée des beaux-arts de Quimper.
La légende de Kerdeck – Tableau (huile sur toile) de Fernand Le Quesne (1856-1932), daté de 1890.
Coll. du Musée des beaux-arts de Quimper (29)
Note du musée sur ce tableau : « Version académique et parisienne des Lavandières de la nuit. Les austères fantômes de Yan’ Dargent ont fait place à d’affriolantes nudités qui s’ébattent dans les flots et attirent le joueur de biniou. »