Jean-Luc Despax et la poésie

Valeur d’usage de la poésie

 

Ils disent que le poème n’est pas censé exprimer quoi que ce soit
Dans le grand intestin du monde, les hâbleurs hantent les tréteaux
Joie du tract
On en a parlé à la radio
Les vrais situs s’y sont tués
Refusant de faire de l’avant-garde
L’antichambre de tous les conformismes

Des kokos clowns frileux dépècent de vieux manuels de rhétorique
Dans un mépris infini du public, de la culture populaire
Qu’ils feignent de confondre, en poujadistes triés sur le volet,
Avec la vulgarité
Tout chant serait pompier
Voici venu l’épate bourgeois tendance bobo
Étonnant ce qu’ils répugnent à mettre des majuscules en début de vers

J’attends Guillevic sur un quai de gare
Il faut continuer dans l’art, non dans le charcutage de l’humanisme
Aimer America d’Allen Ginsberg

Se trouve-t-il dans ce pays, non seulement un poète, mais encore un homme
Pour dénoncer avec pertinence ceux qui nous font croire au purgatoire
Pour mieux protéger leurs paradis fiscaux ?

 

Jean-Luc Despax, in Des raisons de chanter, Ed. Le temps des cerises, 2007.

 

Jean-Luc Despax et la poésie

Partager
Facebooktwitterredditpinterestlinkedintumblr
Lien pour marque-pages : Permaliens.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *