Ayyappa Paniker et la poésie

Qu’est-ce qu’un bon poème ?

 

Est-il possible d’éluder simplement la question en arguant qu’un bon poème, cela n’existe pas ? Quelqu’un peut s’en tenir à cette esquive, si telle est sa ferme conviction. Pourtant la chose est sûre : il y a de bons poèmes, même s’ils ne sont pas jugés tels en fonction d’une conformité présumée avec des conventions qui définiraient ce qu’est un bon poème. On pourrait au contraire soutenir qu’un bon poème défie toute la gamme possible des définitions. Les définitions viennent toujours après ce qu’elles définissent. Qui plus est, elles manquent de précision.
La notion de bon poème relève de l’indéfinissable – comme le poème lui-même.

Un bon poème ouvre toujours un nouveau chemin. Il constitue une nouvelle définition qui ne pourra s’appliquer à aucun autre bon poème. Si une définition s’applique à un grand nombre de poèmes, elle devient trop générale pour être utile. Les chercheurs de définitions sont par avance voués à l’échec.

Un bon poème, pourrait-on affirmer, doit être original. Il doit mettre au supplice le mauvais poète et entrer à tire d’ailes dans l’esprit du lecteur idéal ou du sahridaya*, avant même que ce dernier ait eu le temps de le remarquer.

En bref, un bon poème doit être un bon poème.

 

Ayyappa Paniker (1930-2006), in revue Europe n°875, de mars 2002.
Traduit du malayalam en anglais par l’auteur et de l’anglais par Jean-Baptiste Para.

 

* Celui qui est de cœur avec…

Ayyappa Paniker et la poésie

 

 

Clefs : poète indien
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