J’ai écouté l’autre jour à la radio, un érudit-poète dont le nom m’échappe… ce qui importe peu. Il disait, avec étroitesse d’esprit, que « la poésie d’aujourd’hui n’est plus que naïve et dénuée d’intérêt ». Que « les poètes du moment n’ont plus rien à dire car tout a déjà été dit », et que « cela explique le déclin du genre littéraire ».
Certes, depuis qu’il s’est séparé du singe, l’homme passe par des phases où une impression intime lui susurre que tout a déjà été dit, vécu, découvert… et pourtant l’histoire n’a de cesse de prouver le contraire.
En poésie il ne s’agit pas de dépasser Lucrèce, Byron ou Rimbaud, ni de refaire du Césaire ou du Char… il s’agit de grandir avec eux ! De porter en mots les maux, en mots la vie, en mots l’invisible, avec le verbe du siècle et la verve du cœur.
Bien sûr, les sujets se répètent, mais ils diffèrent selon les contextes et les individus.
Tous les poètes, les plus mauvais comme les plus talentueux, ont douté de la pertinence des sujets abordés… plus encore de leur impact et de leur aspect « inédit ». Mais ils ont poursuivi et poursuivront toujours, parce qu’ils en ont viscéralement besoin, parce que la poésie est profondément humaine et bien souvent exutoire, voire thérapeutique.
Si la poésie se raréfie dans les librairies et bibliothèques, elle germe sur Internet. Elle se recycle et s’allie aux autres arts. Elle y affiche l’essence même des sens, des souffrances, des combats contemporains et aussi des naïvetés.
Qu’on se le dise, la poésie n’a pas coagulée : elle s’épanche là où on ne l’attend pas, surfe sur les espaces de liberté et témoigne des battements de son temps.
Guillaume Riou
Comme disait Léo Ferré : « les hommes qui pensent en rond ont les idées courbes ». Celui-là doit faire partie de leur bande !
Merci pour ce commentaire, Fabien. Voilà une citation appropriée.