AUDIERNE
à Anne Péron.
Je ne demande plus que des bonheurs d’un sou :
Muser, au mont Saint-Jean, parmi le vent, la lande,
D’où tenir, d’un regard, le port, la ville grande,
Saluer le Goyen au pied de Suguensou ;
Me glisser sous les pins aux saillantes racines,
Sous les chênes, brassant des flammes de soleil ;
Sentir la vie, intense, aux sous-bois de sommeil ;
A deux mains, puiser l’eau des sources, aux ravines ;
Voir l’océan houler jusqu’aux grèves du ciel,
Papillonnant d’esquifs aux ailes téméraires ;
Voir, aux écueils, debout, les phares solitaires,
Comme le doigt levé du Sauveur éternel ;
Par les sentiers étroits où roule la rocaille,
Aller, les yeux à tout, doucement, et sans but ;
Sur un muret, m’asseoir, quand les pieds sont fourbus,
Pour bourrer une pipe où le foyer s’écaille ;
Ainsi, tout bonnement, jusqu’à mon dernier jour,
Me plonger dans la paix de mon natal Audierne
Sans rouvrir les trésors que mon cœur jaloux cerne
Du quadruple fil d’or d’un éternel amour.
Daniel Guézengar (1911-1983), in Aux frissons des heures, Ed. Actuelles poétiques, 1966.
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