Le poète est passé
À travers l’océan fulgurant
De l’atmosphère de pierre et d’acier
De la ville nocturne.
Se brisant en éclats,
Rugissent le long des rues
Les forces inexorables,
Fleuves d’étoiles, gonflés,
Qui follement tourbillonnent.
Le poète traverse
Le vaste ciel nocturne
Et ses gestes sont amples comme ceux d’un lutteur.
C’est ainsi que tombant au milieu des étoiles
Un homme serrerait
Les mains de l’angoisse sur ses tempes,
En râlant dans le rythme.
Dans les halos de lumière,
Le poète, en délire, s’égale
Aux ouragans d’une force cosmique
De la ville nocturne.
Cesare Pavese (1908-1950), in Poésie de jeunesse, 17 décembre 1928