Schöne jugend (Belle jeunesse) – Poème de Gottfried Benn

SCHÖNE JUGEND

Der Mund eines Mädchens, das lange im Schilf gelegen hatte
sah so angeknabbert aus.
Als man die Brust aufbrach
war die Speiseröhre so löcherig.
Schließlich, in einer Laube unter dem Zwerchfell
fand man ein Nest von jungen Ratten.
Ein kleines Schwesterchen lag tot.
Die anderen lebten von Leber und Niere,
tranken das kalte Blut und hatten
hier eine schöne Jugend verlebt.
Und schön und schnell kam auch ihr Tod :
Man warf sie allesamt ins Wasser.
Ach, wie die kleinen Schnauzen quietschen !

Gottfried Benn, Morgue und andere Gedichte, Berlin, 1912.

Schöne jugend

Crédits : Sigrid Fleckseder et Christian Thomas

BELLE JEUNESSE

La bouche de la jeune fille qu’on trouva dans les joncs,
Avait l’air tellement rongée :
Lorsqu’on ouvrit la poitrine, l’œsophage était tout troué.
Dans une tonnelle, sous la rate,
On découvrit un nid plein de jeunes rats.
Une petite sœur était morte.
Les autres se nourrissaient du foie et des reins,
Buvaient le sang froid et passaient là
Une belle jeunesse.
Leur mort aussi fut belle et rapide :
On les jeta tous ensemble à l’eau.
Oh comme leurs petites gueules criaient !

Gottfried Benn, in Le phare de Neuilly, revue n°2, 1933. Poème extrait du Cycle « Morgue » (Morgue und andere Gedichte, Berlin, 1912).
Traduit de l’allemand par Yvan Goll.


Clefs : morbide | sanglant | rongeurs | poète expressionniste
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