Batonebo – Chanson d’Odetta Hartman

Batonebo - Odetta Hartman

Par un dimanche après-midi de décembre 2015, tandis que des vagues de nuages déferlent à perte de vue, je roule en direction d’Annecy. Mon attention est alors captée par une voix hors du commun. Ce blues envoûtant qui s’élève semble proche.
Je n’arrive pas à définir tout de suite si France Inter passe, dans l’émission « Very good trip », un vieux vinyle ou un morceau actuel… Le jeu des instruments mêlé aux arrangements sonores me fait pencher pour la deuxième hypothèse.
Le refrain scande un mot que je ne comprends pas, mais résonne en moi.

Michka Assayas annonce une jeune new-yorkaise prometteuse. Au feu rouge, je m’empresse de griffonner son nom sur un bout de papier déchiré : « Odetta Hartman ».

Des jours passent et je remets la main sur ce nom froissé dans la poche de mon jean. Mes recherches sur Internet me mènent vers l’album « 222 » et j’écoute chaque piste jusqu’à retrouver « Batonebo ». Je le passe et le repasse. Mon cerveau est en mode « replay » comme à chaque fois qu’une chanson me procure des frissons.

J’achète l’album en ligne et découvre plus largement l’univers atypique d’Odetta Hartman. « 222 » surprend par son originalité et ses audaces musicales. Au travers des huit titres surgissent des blues-folk aux airs de Far West sauvage, de mystique ancestrale et de fraîcheur apaisante.
Sa voix de rockeuse aérienne est renversante. Alliée aux expérimentations acoustiques dont l’artiste a le secret, elle m’emporte littéralement de l’autre côté d’un miroir.

Je vous invite ici à découvrir le morceau « Batonebo » qui me plaît tant. Odetta Hartman a eu la gentillesse de me communiquer le texte par mail.
Il est inspiré d’une légende populaire Géorgienne. Un « Batonebo » est un esprit, provenant des confins de la mer, qui prenait possession des corps et y générait la maladie.
Les géorgiens associaient les infections telles que la rougeole, la variole ou la coqueluche à ces « Seigneurs » démoniaques (« Batonebi »). Ils imploraient leur clémence en chantant des berceuses (« iavnanas »), dont certaines avaient pouvoir de guérison. Des offrandes de violettes et de roses ornaient la chambre des enfants souffrants tandis que les femmes entonnaient ces chants spirituels traditionnellement réputés pour les calmer et les soulager.

BATONEBO

It’s true – I could have done better
But I won’t be bullied to fully take the blame
You came – into my body like a spirit
So I have determined your proper name

Batonebo
Leave me be
I’ll give you roses and violets
If you stop inflicting violence on me

Forgive – my cancerous emotions
Here I offer these devotions to appease
Now please – da tik’bit
Filter out of me
So I can drown out this supernatural scream

Batonebo
Set me free
I’ll sing you iavnana vardo batonebo

Batonebo
Leave me be
I’ll give you roses and violets
If you stop inflicting violence on me

Odetta Hartman, in l’album 222, Northern Spy Records, 2015.
© all rights reserved – Odetta Hartman
Texte communiqué par l’artiste en janvier 2016. Visitez son site : https://odettahartman.bandcamp.com/


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